L’ivresse bien trumpeuse d’Alain Juppé Réponse

Par Le Chat de Charles

Alain Juppé est-il ivre des sondages qui l’encensent jour après jour. Ivre des médias qui lui déroulent le tapis rouge sans jamais chercher à le bousculer. Il suffit d’écouter sa réaction à l’élection de Donald Trump, livrée à chaud au premier micro tendu, pour se convaincre que l’homme politique est bien installé au fond son fauteuil de favori, victime de cette ivresse.

Écouter le leader de la primaire de droite, c’est se convaincre qu’il n’a tiré aucune leçon de la fronde américaine qui a porté au pouvoir Trump et avant elle, celle, britannique, du Brexit. Dorloté, maintenu dans sa zone de confort, Alain Juppé fait d’abord l’erreur de se présenter devant les électeurs comme favori, quasi déjà élu. Voyez son sourire lorsqu’il déclare « nous devrons travailler, ceux d’entre nous qui auront des responsabilités nationales », « si j’ai des responsabilités ». À un moment où les électeurs n’ont de cesse de couper les têtes des favoris et autres chouchous des médias, cette attitude est un poil téméraire. Elle interroge en tout cas.

Mais ce qui interroge encore plus, c’est quand il déclare qu’ « il y a des leçons à tirer pour la France et pour la vie politique française. Je ne veux pas que la France s’engage dans la voie de l’extrémisme et de la démagogie. » Pour aussitôt ajouter « Je ne veux pas que l’avenir ce soit le Front National et tous ceux qui sont à sa remorque » (suivez son regard vers Nicolas Sarkozy). Et le favori d’appeler à « un large rassemblement pour faire barrage au Front National ».

Voilà donc l’horizon, la leçon, le barrage au Front National ? Comme si faire barrage pouvait être à lui seul un moteur de mobilisation. L’appel au rassemblement, aux électeurs du centre et de la gauche est assez transparent. Mais il est patent qu’Alain Juppé ne réalise pas que ce qui n’a pas marché pour Hillary Clinton et pour les tenants de la Grande-Bretagne dans l’Europe n’a pas plus de chance de donner des résultats utiles en France.

Le seul barrage au FN qui soit c’est l’horizon donné, l’adhésion à un projet qui réponde aux attentes des citoyens. Ceux qui sont ballotés, malmenés ou oubliés par la modernité, la mondialisation comme ceux qui en profite mais peuvent craindre ses effets, ses conséquences si ce n’est pour eux-mêmes mais pour leurs enfants, leurs proches, les territoires qu’ils chérissent et qui dépérissent. Dans ce micro tendu, Alain Juppé évoque bien ces deux France, cette division profonde qui menace d’emporter nos démocraties.

Face à ces besoins Alain Juppé répond comme Hillary Clinton. « Stronger Together ». C’est bien, c’est beau, c’est Républicain et c’est bien nous. Mais c’est nécessaire sans être suffisant. Alain Juppé renvoie le projet et les propositions de « réformes » à l’après-primaire… Comme si cela n’était qu’une formalité.

Réponse bien arrogante et tellement insuffisante. Surtout quand Nicolas Sarkozy, qui maîtrise son Buisson-Trump sur le bout des doigts et se place toujours dans la roue de Marine Le Pen, allant jusqu’à taillant en pièces Alain Juppé dans son fief de Bordeaux sur « l’identité heureuse ».

Ne nous trumpons pas. Les mêmes causes sociales et humaines auront les mêmes conséquences en France, qu’en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Tout comme les heures de direct télé et radio sur l’élection de Donald Trump, le revirement pathétique des éditorialistes en mode ce n’est pas si grave. Tout cela va avoir un effet majeur sur la primaire de la droite et du centre.
Et certainement pas en faveur du favori des médias.

 

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