Ces serpents qui sifflent sur nos têtes 11

Par Dante

15laocoon

Oserai je le dire ?  Je le regrette.
Nous n’avons pas écrit depuis les législatives. Nous observions la gauche faire ses premiers pas au pouvoir.
Parfois maladroite, toujours sincère.
Nous avons observé l’évolution lente des éditorialistes, cette presse qui encense et lynche lorsque l’ogre veut manger et qu’il n’a pas sa livre de chair.
Nous avons observé les erreurs de débutants, les calages, les crises d’ego aussi de quelques uns, autant liées à leur propre angoisse qu’à leur  inexpérience.
Nous avons vu la tour lentement s’affaisser, sous les coups de griffes des sondeurs, des  plumes au vitriol, des unes hypertrophiées et des critiques souvent caricaturales.

Et sans donner une absolution totale à ce pouvoir neuf qui récolte des années d’indigence, et d’aveuglement de la droite , sans vouloir tout excuser, il est des comportements parfaitement inexcusables.
La politique, c’est l’attitude, ce sont les mots que l’on choisit  les gestes que l’on fait, les décisions que l’on prend.
Et depuis quelques jours, le champ lexical et la geste politique  nous laisse un goût de cendres.
Ne comptez pas sur moi pour vous resservir les  tartes à la crèmes actuelles , qu’il s’agisse d’appeler à la rescousse  Roosevelt ou de démontrer , dans un raccourci dangereux, le parallèle avec les années 30. Comparaison n’est pas raison.
Je dirais simplement à ceux qui se livrent à ce type de raccourci ou de convocation des grands anciens, qu’ils ne réfléchissent plus suffisamment pour pouvoir inventer la gauche de demain, ce socialisme du 21ème siècle que personne n’a encore défini. Ils  préfèrent se réfugier dans un passé glorieux ou tellement anxiogène qu’il ne nous permet plus de sortir de cette dépression collective, nous enveloppant  comme un mauvais brouillard.

Mais si nous souffrions uniquement de cette pensée à courte vue, ce serait un moindre mal.
Malheureusement, nous avons basculé dans l’hystérie du débat politique. Et dans une violence sourde, prégnante, qui envahit tout notre espace mental. Pas un papier, pas une image, pas un son sans entendre, voir, lire, les outrances verbales : on se traite de salopard, d’antisémite, de vendu, de traitre. On enfourche des mauvais chevaux, on fait se lever des vents intérieurs que personne, un jour , ne sera en mesure de calmer.
Un prurit infantile qui ne crée aucune valeur, si ce n’est creuser un peu plus encore la tombe de la parole politique .
Mais ma colère  s’adresse surtout à cette droite qui peu a peu, glisse vers ce qu’elle a, de plus brutal, de plus radical .  Ces nouvelles formes de militantisme, quelque part entre le vieil RPR et l’Opus Dei.
Les mots sont durs, les comportements quasiment déviants. Comment peut-on, quand on est un homme d’état, que l’on a exercé les plus hautes fonctions, parler ainsi de la justice, stigmatiser ainsi des magistrats ? Comment peut on , lorsqu’on à fait partie de l’équipe qui a dirigé ce pays, parler d’enfants gazés dans la manifestation anti mariage pour tous ? Oui, Manuel Valls à eu raison de dire que certains mots ne peuvent pas être prononcés. Oui, certains mots ont une résonance qui n’a pas sa place dans le débat public.
Cette droite qui choisit désormais la stratégie du harcèlement, bouscule systématiquement Najat Vallaud-Belkacem , Christiane Taubira, à toutes leurs sorties publiques ? Cette droite qui manie dangereusement les mots, volontairement, sciemment, pour tendre le débat, le rendre irrespirable, abîmer, salir. Cette droite qui finit par être mordue aux mollets dans une législatives partielle  par un front national qui n’a plus qu’à se baisser pour ramasser… Ce qu’il restera.

Pauvre droite aveugle, pauvre Nicolas Sarkozy qui vit  dans l’illusion : celle de se  poser une nouvelle fois,  en 2017 comme en 2007 , en barrage ultime contre un FN  qu’il a lui même contribue  à faire  , croître et embellir . Car c’est bien la le calcul secret de l’ancien chef de l’état et si l’on en croit les sondages, cette posture d’éternelle victime fonctionne bien dans un pays déboussolé, dépressif, angoissé . Un pays qui vit au rythme des fermetures d’usine, de baisse du pouvoir d’achat, de hausse du chômage, de petite délinquance au quotidien. Un pays qui  pour la première fois de sa vie, à  vu de ses yeux vu, des distributeurs bancaires qui, dans une petite île perdue de la Méditerranée, ne distribuent plus de billets. La crise, concrète, palpable, matérialisée, à nos portes. Et ça n’est quand même pas le gouvernement socialiste qui est responsable d’une telle dégradation qui semble ouvrir le droit à une élite de dégrader son langage et son attitude.

C’est absolument irresponsable car, contrairement à ce qu’affirment tous les politologues, il y a certes  une défiance face à la parole politique mais en aucun cas une défiance sur la fonction politique. Et lorsqu’un responsable politique s’exprime, il a du poids, sa voix porte et chacun devrait s’en souvenir avant de raconter n’importe quoi, de chauffer les esprits, de vomir sur les juges et d’appeler s une révolution qui ne se fera pas. Car le peuple est fatigué, veut simplement que l’on prenne soin de lui, qu’on l’aide à construire sa vie. Une vie la plus heureuse possible. Quand le comprendront-ils ?  C’est pourtant simple. Un responsable, c’est une personne qui répond. Un irresponsable ne répond pas. Il soulève des questions qu’il ne peut pas résoudre, lance des mots comme on tire des flèches empoisonnées sans jamais offrir le contre poison.

Il est temps que cela s’arrête. Il est temps que ceux qui critiquent ouvertement, comme ceux qui critiquent en silence, se taisent, boudent, et commentent sur le banc de touche, se réveillent, vibrent à nouveau de ce qui les a fait vibrer lorsqu’ils furent de jeunes députés, de jeunes responsables, se revitalisent, retrouvent cette fraîcheur du premier mandat, quand le sens de la mission était plus fort que la couleur de l’image et des éléments de langage.
Réveillez-vous, cessez de critiquer, retroussez vous les manches, venez jouer avec l’équipe même si vous la considérez comme médiocre.
Nous avons besoin d’élus, de responsables publics, non pas qui s’engagent mais qui se réengagent, se réinventent, se réenchantent.
Nous sommes prêts, les gens  attendent cela. Nous leur devons. Tout simplement.

11 Commentaires

  1. tout à fait d’accord, j’enrage de voir non seulement Mélenchon, traitre frustré qui devient de plus en plus grossier, mais aussi quelques politiques socialistes qui essaient de sortir du lot, critiquer Hollande et son gouvernement -Personnellement j’attends, avec assez de confiance, il faut laisser du temps au temps …. la situation était catastrophique … et la droite a tant de haine et de rancoeur qu’elle pourrit l’ambiance, sans aucun sens de culpabilité d’avoir tant nui à notre pays !!

  2. Sarkozy nous a empoisonné la vie pendant ses 5 ans comme Ministre et pendant son quinquennat; ses amis continuent son œuvre de démolition de la France et de ses valeurs et continuent à pourrir l’ambiance. A cela nous devons répondre par plus de solidarité vis-à-vis d’un Gouvernement qui ne peut pas reconstruire la France en 10 mois!

  3. Ping : Politeeks » un étrange appel à scission du PS…

  4. Ah! çà faisait longtemps. Merci de cette analyse que je partage. Il est temps de reprendre le combat, si nous ne voulons pas que celui mené il y a seulement 10 mois n’ait servi à rien.

  5. Il etait temps que ce site se réactive afin de remettre les idées en place et a leurs place , loin de la confusion pathologique entretenus par des aigrfins croyant qu’ils maitriseraient ainsi notre temps de cervaux disponible , tant les articles que certains commentaires . La vision a long terme autant que la compréhensions cachée nescessitent une clartée que l’on ne trouvait plus que rarement sur la toile

  6. Qu’est-ce qu’il cherchent tous ces chiens qui aboient férocement, qui pratiquent l’outrance verbale pour démolir ou caricaturer ce qui est fait (qui n’est sûrement pas parfait, mais la France est un pays si difficile à gouverner et qu’ils n’ont pas fait mieux hier alors que la situation est telle qu’elle nécessiterait non seulement une autre qualité de débat mais surtout une réaction « d’union nationale »), qui oublient (entre autres) qu’ils reprochaient à la gauche de caricaturer leur action hier; ils s’imagient peut-être que ce faisant ils reviendront plus vite au pouvoir. Mais ceux qui les ont remerciés hier, si demain sont déçus de l’action du gouvernement actuel, se tournerons en désespoir de cause vers le populisme (d’extrême droite et d’extrême gauche) et l’impasse sera totale. Il y a bien quelque esprits éclairés pour mettre en garde mais bien peu les entendent.

  7. Je reproduis ici le commentaire posté à l’instant sur la page Facebook de ZE REDAC !

    N’étant, peut-être à cause de l’âge peu familier avec ces outils du Net et de Facebook entre autres, je pensais avoir déposé un commentaire ici et je ne retrouve pas ! Désolé !

    Alors je reproduis celui que j’ai mentionné sur mon Site après avoir « réveillé ZE REDAC :
    http://www.desirsdavenircotedopale.info/

    Le voilà :

    Le Site qui reprend du service en fin de mars 2013 et à l’occasion de cette reprise annoncée sur Facebook j’ai fait ce commentaire : Pas de commentaire superflu ; je suis heureux de retrouver ce Site que j’avais mis en sommeil dans les favoris du mien ! Excellente reprise et parfaite explication des raisons qui conduisent certaines et certains « commentateurs » zélés à prendre pour argent comptant les articles de médias « nécrophages » de la démocratie ! Ce sont eux qui ont conduit cette démocratie dont un pays comme la France s’honorait à cet état de cadavre dont ils se nourrissent ! Honte à elles et à eux.

    Bonne poursuite !
    .
    http://www.desirsdavenircotedopale.info
    Pour ceux et celles qui veulent du changement

  8. Hélas, dire que Hollande fait la même politique que Sarkozy, ce n’est pas une opinion, c’est un constat.

    Par ailleurs, je suis de ceux qui trouvent très juste l’expression de Delapierre qui parle des « 17 salopards ». Car qu’est-ce d’autre celui qui décide de voler l’argent des petits épargnants chypriotes? Je suis heureux d’entendre un homme politique appeler un chat un chat, comme Ségolène Royal a su le faire quelquefois.

    Pour ma part je ne voterai plus jamais pour un « socialiste »(sic), même pour battre Sarkozy.
    Je ne voterai plus jamais pour les Sapin, fossoyeurs des droits des salariés, pour les Cahuzac, ces si charmants honnêtes hommes, pour les Moscovici, les ponctionneurs des comptes des petits épargnants chypriotes au profit de la finance internationale, et j’arrête là ma liste des dignitaires, de peur de ressortir le brillant DSK.
    Si j’ai la possibilité d’aller jusqu’à Paris, j’irai manifester le 5 mai 2013 avec Mélenchon, Eva Joly, Marie-Georges Buffet et quelques autres personnes honorables, pour la VIe République laïque et,démocratique, qu’il faudra faire, j’en ai bien conscience, contre la droite et les « socialistes ».

    Et si on me prend pour un « traitre frustré » et « grossier », tant pis.

    • je vous prends surtout pour une personne déçue, mais le plus grave dans votre réaction c’est que vous imaginez que Mélenchon a une quelconque chance d’être élu, et ne pas voter pour les socialistes c’est le risque de revoir sarkozy ; les français ne donneront jamais une majorité à l’extrême gauche !!! qui d’ailleurs n’aurait pas suffisamment de cadres pour former un gouvernement, il ne faut pas rêver. Si l’extrême gauche acceptait de travailler avec les socialistes peut être pourraient ils faire passer leurs idées, au lieu de s’opposer avec tant de virulence.

  9. Amusant!

    Mon commentaire publié hier a été supprimé.
    Je constate cependant qu’on peut insulter Mélenchon sur ce site en le traitant de grossier personnage, mais dire qu’on ne votera plus jamais pour un « socialiste » est impardonnable! Je ne m’en offusque pas, ça conforte juste le point de vue que j’avançais.

    Adios!

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