Méprisance et médisance, les deux mamelles du Sarkozysme 16

par Lautréamont

Nicolas Sarkozy dans "Looking for...". Capture d'écran Arte

Nicolas Sarkozy dans "Looking for...". Capture d'écran Arte

Voilà qu’il nous invente des mots, Nicolas Sarkozy. Ça n’est pas nouveau. En 2007, il pratiquait aussi l’art du barbarisme, mais, à la différence de Ségolène Royal, clouée au pilori pour la bravitude, la presse n’en disait rien. Qui a attendu parler de son  » héritation » pour évoquer les droits d’héritage. Peu de monde. Et pourtant, il le dit dans l’indifférence générale.

Cette méprisance, extraite, selon ses équipes, du vieux français, ressemble furieusement à une boulette de langage. Mais à la décharge des candidats de tous bords, la présidentielle étant un exercice physique épuisant, on glissera car derrière ce mot, se cache un ressort politique et psychologique classique du Sarkozysme : la victimisation. Il serait donc le jouet du mépris des élites, et installé depuis toujours dans un compagnonnage avec le peuple, les petits les sans grades. Le problème, c’est qu’il croit à sa fable. Qu’il se vit comme une victime. D’ailleurs à l’écouter, on en pleurerait. Déjà en 2007, il accusait les médias d’être contre lui, racontait à qui voulait l’entendre qu’il s’était fait tout seul et, en poussant un peu aurait pu nous faire croire à une enfance misérable. Il y croit. Car Sarkozy s’est toujours senti méprisé, bafoué, dénigré. C’est en lui. Viscéralement.

Et cette tendance lourde ressort à tout moment important de son parcours politique. À fortiori dans une campagne.  Lui et le peuple, contre le reste du monde, voilà le crédo.

Le problème était le réel, et cette vielle règle humaine qui veut que la victime se transforme en bourreau. Et dans ce domaine, la méprisance de Sarkozy pendant son quinquennat fut sans limite : méprisance pour les corps intermédiaires, les syndicats  » ( « quand il y a une grève ça ne se voit pas » ), pour les simples citoyens ( « casse toi pov’con » ) pour ceux qui l’ont élu et dont il trahi l’espoir en une semaine ( Fouquet’s et yacht Bolloré ), les ouvriers de Gandrange, les petits retraites dont il bafoua toutes les promesses qu’il avait faites dans un élan de sincérité de l’instant.

La méprisance de Sarkozy est à la hauteur de sa médisance. Dire du mal, voilà l’une de ses activités préférées. Pendant des années, les journalistes ont été repus de ses confidences assassines sur tous ses compagnons de droite et ses adversaires de gauche. Une vraie pipelette, ce Sarkozy, la concierge de la 5ème République. Toujours à l’affût des derniers cancans, critiquant ses ministres, ses collaborateurs, les journalistes trop rebelles, tout et tout le monde en permanence. Les déjeuners, les off dans les avions, dans les trains : au bonheur du crachat. Médire en off et désormais médire en in. Attaquer l’adversaire sur ce qu’il est, non pas sur les valeurs qu’il porte.

Ainsi traiter François Hollande de nul est bel et bien une stratégie. De démolition. En disant cela, il interpelle l’opinion mais pas seulement. Il appelle la critique du camp socialiste dont il sait qu’il n’approuve pas, dans son ensemble, cette candidature. Il tente de déterrer à gros sabot la division. La médisance est ainsi faite qu’elle soulève ce qu’il y a de pire en nous. Ça n’est pas pour rien que dans les plus grandes religions, elle est assimilée au meurtre symbolique. Détruire l’autre, le dénigrer. Médire et mépriser.

Les deux mamelles du sarkozysme. À cela il faut opposer le calme des vieilles troupes. Laisser l’enfant fiévreux s’agiter. Le ramener aussi à son infantilisme de vieux petit garçon qui sort à peine de sa post-adolescence.

 


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16 Commentaires

  1. Très bon article! Par contre, je ne comprends pas ce que vous voulez dire par « il (Sarkozy) appelle la critique du camp socialiste dont il sait qu’il n’approuve pas, dans son ensemble, cette candidature ». Si vous voulez dire que le camp socialiste n’approuve pas la candidature de Hollande, alors là je ne vous suis plus du tout!

  2. Excellent article sur la psychologie de Sarkozy « infantilisme de vieux petit garçon qui sort à peine de sa post adolescence »…Méprisant, médisant ce président !! comment peux t’on encore espérer de lui autre chose ???

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  4. excellent article!!! on respire ..car j’ai l’impression que ce je ressens depuis 5 ans..; n’est pas un cas isolé

  5. Ping : Le pont Borloo sur la rivière Sarkozy « Ze Rédac

  6. mesprisance et non méprisance
    soit, on peut inventer un mot qui existe mais on doit en respecter son orthographe (en souvenir du poète)

  7. Ping : Porter le fer sur les faiblesses de Sarkozy « Ze Rédac

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  12. Lautréamont…vous le remarquez je ne vous appel pas monsieur… savez vous pourquoi?
    Il y en a marre de gens comme vous, aussi méprisant , et qui ne savent que dénigrer Sarkozy. Cet homme à comme tout un chacun ses défauts mais pourquoi tant de haine à son égard?
    J’ai pitié de vous Lautréamon de n’avoir rien d’autre à éditer… Je ne voterais pas Hollande cependant je n’en dit pas de mal.
    Je fais mienne cette citation de (Robert Marteau)
    « Vanité que de vouloir changer le monde. Le monde change à son heure, malgré ceux qui veulent le changer. »

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  14. Très bien votre article Lautréamont mais pourquoi dire « la concierge » et « la pipelette »pour qualifier Sarkozy? « Le » concierge et « le pipelet » (si, si, ça existe!) seraient plus adaptés!

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